Les mouvements de va-et-vient sont désormais habituels chez les dirigeants de Qalb Tounès, depuis que ses députés ont, par surprise, été conviés par Nabil Karoui lui-même, au dernier moment, à voter pour Rached Ghannouchi à la présidence de l’ARP, dans un même package qui hissait à la première vice-présidence Chaouachi et à la deuxième Ftiti.
Le parti Qalb Tounès n’en finit pas de dégager l’impression d’une formation solide à l’intérieur mais, incontestablement, instable ou hésitante dans ses professions de foi publiques et ses prises de décision.
Il avait prévu de prendre le pouls de son Conseil national, dimanche, à propos de la formation gouvernementale alignée par Habib Jemli. Mais voilà qu’il se rétracte et annonce, par la bouche de Iyadh Elloumi, que la réunion est reportée «à une date ultérieure». Et le député de justifier ce report par celui de la plénière à l’ARP destinée à accorder la confiance à Habib Jemli et son équipe, qui n’interviendra donc que vendredi 10 janvier 2020.
Il est cependant instructif de se rappeler que Hatem Mliki, président du groupe parlementaire de ce même parti, avait déjà déclaré haut et fort que Qalb Tounès n’avait pas d’objections majeures sur le gouvernement Habib Jemli, soulignant que la décision de vote officielle sera prise par le conseil national du parti.
Ces mouvements de va-et-vient sont désormais habituels chez les dirigeants de Qalb Tounès, depuis que ses députés ont, par surprise, été conviés par Nabil Karoui lui-même, au dernier moment, à voter pour Rached Ghannouchi à la présidence de l’ARP, dans un même package qui hissait à la première vice-présidence Chaouachi et à la deuxième Ftiti.
Entre-temps, Nabil Karoui n’a cessé de faire état de son évaluation négative quant à la composition du gouvernement proposé et de sa déception de ne pas retrouver, dans l’équipe, les compétences annoncées. D’autant qu’il s’agit d’un gouvernement qui avait la prétention de remettre le pays en route et de rétablir le prestige et l’autorité de l’Etat.
Cependant, et malgré l’accueil peu enthousiaste que lui a réservé le Conseil de la choura d’Ennahdha, Jemli a réitéré plus d’une fois que sa liste est «définitive et non négociable», même s’il promet de réfléchir éventuellement à certains correctifs limités qu’il n’introduirait — et là il est catégorique — que s’il «obtient la confiance à son gouvernement».
Ce alors que rares sont les groupes parlementaires disposés à avaliser l’équipe gouvernementale sans «quelques changements». Et cela vaut également pour Ennahdha qui affirme «soutenir la liste non sans quelques réserves». Et ses figures emblématiques de répéter à mi-voix, ici et là, que le gouvernement proposé par Habib Jemli est celui de Rached Ghannouchi et non d’Ennahdha.
D’où la décision du bureau de l’ARP de renvoyer au 10 janvier, au lieu du 7, cette plénière qui cache son jeu. Car, plusieurs nahdhaouis sont mécontents de ne pas figurer dans le gouvernement et de ne pas y voir certains de leurs leaders. Certains auraient menacé de ne pas voter ce gouvernement si jamais Rached Ghannouchi et Habib Jemli «tentaient un forcing».
Il se trouve, cependant, que rien sur le plan légal ou constitutionnel n’interdit d’apporter des modifications à la composition remise au président de la République.
Kaïs Saïed lui-même n’est pas d’accord sur certains noms de la liste. Et certains observateurs avertis estiment que «la liste ne deviendra officielle qu’au moment de son dépôt pour validation en plénière». Soit, la liste définitive qui sera présentée vendredi prochain aux députés.
Et, à ce niveau, il est clair que seule une conjugaison des efforts entre Ennahdha et Qalb Tounès pourrait créer la certitude d’une adoption sereine du nouveau gouvernement. Car, malgré tout, Ghannouchi garde le bénéfice d’une certaine fidélité de la part des nahdhaouis et de la crainte qu’il inspire à Karoui.
Ce même Karoui qui vient d’organiser une rencontre au sommet avec Youssef Chahed, dans la résidence de fonction de ce dernier, et en présence de Ghazi Karoui, le but étant de signer entre Qalb Tounès et Tahya Tounès, une sorte de «paix des braves» qu’imposerait la complexité du climat politique actuel. Après les péripéties des dernières élections et l’animosité qui les y avait opposés en ce temps-là.